LA CHARTE DU MANDEN CHARTE DU MANDEN
Par SOUNDIATA KEITA
Voici la genèse de « Parole du Manden » : Quand Soundiata Keita eut vaincu ses ennemis et fonda l’empire du Mali (qui couvrait l’actuel Mali, la Guinée, une partie du Sénégal et de la Cote d’Ivoire). Le souverain convoqua les dignitaires de toutes les régions de l’empire et leur demanda de réfléchir sur les problèmes de la vie de la communauté et de rédiger un texte qui en fixe les règles. Le souci était d’éviter les guerres et d’assurer une vie harmonieuse dans la société pour chaque être quelque soit sa place ou son rang.
(Publié initialement sur le site cimaisevirtuelle.com)
Au nom du Manden, À l’adresse des douze parties du monde.
Première parole.
Toute vie est une vie
La vie du cadet comme la vie de l’ainé
La vie du grand comme la vie du petit
Toute vie égale une vie
Seconde parole.
Le tort demande réparation
Si tu portes tort à une vie : réparation
Si tu portes tort à ton voisin s’ans raison,
Si tu portes tort à ton prochain sans raison,
Si tu tourmentes ton semblable,
Réparation !
Troisième parole.
Pratique l’entraide.
Humains, entraidez-vous les uns les autres
Enfants, vénérez ceux qui vous ont enfantés
Parents, éduquez ceux dont vous êtes les pères, ceux dont vous êtes les mères.
Tous, soutenez les vôtres.
Quatrième parole.
Veille sur la patrie
Que chacun veille sur la maison de ses pères
La patrie, c’est quoi ?
Nous, les hommes qui la peuplons
Car privée des hommes qui la peuplent,
une terre plonge dans la nostalgie.
Cinquième parole.
Ruine la servitude et la faim
Il y a deux grands malheurs en ce monde
La faim n’est pas bonne
La servitude non plus n’est pas bonne.
Tant que nos bras seront forts,
La faim ne tuera plus dans le Manden,
Et si la disette arrive,
La guerre n’assiégera plus les cités du Manden.
Elle n’en réduira plus les hommes en esclavage.
Aucun humain ne mettra plus la mort dans la bouche d’un humain,
Aucun humain ne mettra plus en vente un humain,
Aucun fils d’esclave ne sera humilié, ni battu, ni tué.
Sixième parole.
Que cessent les tourments de la guerre
L’âme de l’esclavage est la guerre
Elle s’est éteinte d’un mur à l’autre du Manden.
Le pillage s’est éteint.
La captivité s’est éteinte.
Ah, le tourment !
Il tourmente l’opprimé.
Il tourmente le captif.
La honte aussi tourmente le captif.
Septième parole.
Chacun est libre de dire, de faire et de voir.
L’humain est de chair et d’os, de moelle et de nerfs.
Il mange et il boit.
Mais ce dont vit son âme est trois.
Quels trois ?
Voir celui qu’elle a plaisir à voir
Dire ce qu’elle aime à dire
Faire ce qu’elle aime à faire
Qu’un seul de ces trois manque,
Elle souffre, elle dépérit.
Au nom du Manden
et à l’adresse des douze parties du monde,
Tout humain est libre de lui-même,
Quand il respecte la patrie.
À tous, serment du Manden
Initialement publié par Paul Aclinou sur cimaisevirtuelle.com
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